mercredi 22 septembre 2010

Broderies

Ayant tout juste complété le découpage préliminaire des deux derniers chapitres, je puis d’ores et déjà affirmer que L’Amérique ou le Disparu comptera précisément 158 pages (sans compter les entêtes de chapitres et autres suppléments). J’aurais aimé produire un album de 600 pages, mais ce sera pour une autre fois. Peut-être.

Même si le scénario était écrit depuis un bout de temps et le nombre de cases déjà fixé, il m’était impossible de déterminer la pagination exacte avant d’avoir procédé à ce découpage préliminaire.

À propos de scénario, le travail d’adaptation pour l’écriture des derniers chapitres posait un problème particulier, dû au fait que l’auteur n’a jamais terminé son roman. Avant de mourir, Kafka, qui avait très peu publié de son vivant, a confié à son ami, l’écrivain Max Brod, le soin de brûler tous ses manuscrits inédits, chose que ce dernier n’a jamais faite, heureusement d’ailleurs.


En fouillant dans les papiers du défunt, Brod a notamment exhumé Le Procès et Le Château, ainsi qu’un roman antérieur, dont seul le premier chapitre avait été publié, auquel il a donné le titre Amerika (l’autre titre, Der Verschollene Le Disparu, figurait dans les notes de Kafka).

L’édition établie par Max Brod comporte huit chapitres. Le hic, c’est qu’on y trouve en plus trois fragments non classés, qui font en tout une trentaine de pages. Le premier, où Karl se retrouve domestique de Brunelda, peut aisément se placer directement à la suite du chapitre 7. Un autre extrait, qu’on peut placer à la fin du chapitre 8, peut constituer une conclusion satisfaisante pour le roman, même si celui-ci reste inachevé.

Le troisième fragment, qui se situe quelque part entre les deux autres, et que Brod a intitulé Le Départ de Brunelda, est plus problématique. Il ne suffit pas à combler le vide important dans le récit entre les chapitres 7 et 8. Dans cet extrait, Delamarche et Robinson, on ne sait pourquoi ni comment, ont disparu du décor et sont allés se faire pendre ailleurs. Quant à Karl, on le voit mener Brunelda, devenue éléphantesque, vers un endroit énigmatique appelé Entreprise 25. Aucune explication, aucun mode d’emploi pour le scénariste.

J’ai d’abord songé à faire intervenir dans la BD Max Brod en personne, s’adressant directement au lecteur en lui disant : «Voilà : il y a un trou dans le récit, ici on ne sait pas ce qui se passe parce que l’auteur n’a pas fini son roman».

Cependant, cette idée de «supprimer le quatrième mur», procédé d’ailleurs assez répandu, me plaisait plus ou moins. J’ai choisi plutôt, au risque de passer pour sacrilège, de combler les vides et de reconstituer les chaînons manquants d’une façon aussi discrète et naturelle que possible. À défaut de Brod, j’ai brodé un peu ...

J’ai donc réuni deux des trois fragments, avec quelques ajouts de mon cru, pour créer un nouveau chapitre 8, intitulé simplement Brunelda. J’ai placé l’autre fragment à la fin du dernier chapitre, Le Théâtre de la Nature d’Oklahoma, qui devient donc le chapitre 9.

Ce qui arrive ensuite est une autre histoire.

vendredi 17 septembre 2010

Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées ...

Quelqu’un me faisait remarquer que le domestique dans le dessin ressemblait à Hergé. Curieusement, son uniforme est très semblable à celui que porte Nestor dans les aventures de Tintin, du même Hergé, tout comme l’uniforme de groom porté par Karl dans les chapitres précédents rappelait celui de Spirou. Par ailleurs, l’autre personnage, le richissime ex-mari de Brunelda, pourrait rappeler feu Pierre Péladeau, lui aussi richissime.

Dans chaque cas, toute ressemblance avec une personne vivante ou décédée est fortuite et ne pourrait être que le fruit du hasard.



mardi 7 septembre 2010

Nocturne

La nuit tombe sur le faubourg ...

Je ne suis pas mécontent de cette scène. J’ai parfois tendance à hésiter devant les masses noires et le clair-obscur. Lorsque je parviens à placer beaucoup de noir dans une case tout en conservant la clarté du dessin et la lisibilité, j’en éprouve une vive satisfaction.

Par ailleurs, j’aime bien ce procédé narratif qui consiste à faire parler les personnages en voix off en montrant une vue d’ensemble du décor. Ça permet de ponctuer et de briser la monotonie d’une longue scène de dialogue et ça donne de l’ambiance. Ici, il n’y a pas de lien direct entre le texte et l’image, sauf que celle-ci fait écho au mot « ailleurs ».

Ouais ... Les cours à l’Université recommencent demain. Faut bien que je m’y remette un peu.